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La “timeline” des archives administratives : un nouveau regard sur le site archéologique d’Epiais-Rhus Vallangoujard protégé au titre des Monuments historiques

Introduction

Un programme de recherches archéologiques subventionné par l’État est développé de 1973 à 1987 (archives SDAVO : administration générale 1978-2018). De plus, des subventions de 1977 à 1979 du Département du Val-d’Oise sont allouées pour la médiation en archéologie (ADVO : cote 2476 W 40). Par la suite, elles se sont mues en une volonté d’acquérir des immeubles du site dit « antique » sis sur le territoire des communes d’Épiais-Rhus et Vallangoujard. Effectivement, il apparaissait menacé alors que son importance ne faisait plus de doute, et nécessitait un projet accompagné d’une programmation administrative, financière et scientifique. En contrepoint, les opérations de sauvetage d’urgence se multipliaient (ADVO : cote 2476 W 40).

En raison des caractères particuliers de cet ensemble, le Conseil général du Val-d’Oise a procédé à l’acquisition de terrains (archives SDAVO : administration générale 1978-2018). Puis, le site archéologique gallo-romain a été classé au titre des Monuments historiques le 25 mars 1983[1]. Finalement, le 1er juin 1989, le ministre de la culture de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire est questionné sur les mesures conservatoires qu’il envisage de prendre pour préserver le site[2].

En s’appuyant sur les archives administratives comme document d’étude, la contribution au carnet s’attachera à montrer les premiers apports d’une frise chronologique virtuelle pour retracer l’historicité de ce site identifié dès lors comme patrimoine archéologique.

1. Les sources

Le producteur de ce fonds d’archives étudié est le SDAVO mais il en est aussi le lieu de conservation, tandis qu’une partie a été versée aux archives départementales du Val-d’Oise. On trouve dans ces archives administratives : des arrêtés, des articles de presse, le Bulletin officiel des annonces de marchés publics, des conventions, des correspondances, des délibérations de la commission départementale, le Journal officiel de la République française, des notes, des rapports et des séances. Elles ne sont pas que manuscrites ou tapuscrites, on y découvre également des plans et des photographies.

Cependant, il est à rappeler que le SDAVO n’est pas le seul à avoir produit des archives administratives du site archéologique : la conservation régionale des Monuments historiques[3] et le Service régional de l’archéologie d’Île-de-France sont concernés également.

En 2020, le caractère principal de la démarche avait été de dresser à l’aide d’un tableur un pré-inventaire du fonds conservé au SDAVO pour construire un instrument liminaire de recherche, afin d’aborder le passé du site et envisager les actions à venir en vue d’une meilleure protection.

2. La Timeline

Tout d’abord, Il s’agissait de dépouiller les archives administratives du SDAVO, un contenu varié et très épars, dans une logique documentaire pour comprendre de manière fine cette administration du site en l’inscrivant dans une perspective historique, par la mise en place d’une frise interactive pour mieux appréhender cette chronologie contemporaine.

Quant à TimelineJS, l’outil open source a permis de créer une chronologie visuellement riche et interactive en utilisant rien de plus qu’une première feuille de calcul. L’outil[4] avait notamment été mis en œuvre en 2015 par le projet « Mémoloi » consacré à l’étude de la genèse des « grandes lois » qui ont marqué le droit du patrimoine culturel en France[5].

156 documents ont ainsi été numérisés afin permettant aux chercheurs des exploitations multiples et 48 documents utilisés pour la mise en place d’une frise interactive. Ainsi chaque document est inclus dans le cadre d’un récit plus large. En sorte qu’un ensemble d’archives peut se trouver transformé, d’un fait en phases majeures.

3. L’histoire et les archives de l’archéologie

Les archives administratives sont comme un retour aux sources pour le premier groupe de travail, à la tâche difficile de coordination et de choix scientifiques. En tant qu’”artefacts” de la vie du site, elles doivent être mises en contexte, et il faut tenir compte de la façon dont elles ont été classées.

Selon une chronologie initiale (1978-1989) de la documentation, les archives serviront alors à décrire et mieux comprendre l’histoire contemporaine d’Épiais-Rhus. Les objectifs sont donc pour ce thème de recherche de renforcer l’historiographie du site en un récit homogène, avec des grandes dates d’interventions et en valorisant les archives de la protection du site, d’autant que : « priorité à la conservation sur la fouille » (archives SDAVO : administration générale 1978-2018).

Conclusion

Aussi l’enjeu serait de recouvrer à l’échelle du site le bilan opéré il y a 30 ans, tant des opérations archéologiques que des actions administratives : protection du site, remblaiement, restauration, etc. La tâche difficile est de comprendre les choix scientifiques et culturels à travers la maîtrise d’œuvre départementale. Des études préalables ont par exemple été réalisées (archives SDAVO : administration générale 1978-2018). Dès lors, en déployant des efforts pour utiliser les archives administratives comme document d’étude, l’état du site après des campagnes de fouilles successives sera mieux connu, comblant un manque sur l’histoire de la conservation d’Épais-Rhus.

En outre, le site d’Épiais-Rhus serait un des exemples de première affirmation de la montée en puissance d’une archéologie de métier en Île-de-France sur des chantiers bénévoles qui œuvraient depuis de longues décennies. Cela ne fut pas sans heurts avec la communauté professionnelle en plein essor (Soulier 1992b, p. 29).

À partir des documents du SDAVO et ceux déposés aux archives départementales du Val-d’Oise, il serait possible de remonter l’histoire d’un site à travers une évolution plus générale de l’archéologie nationale (Soulier 1992a, p. 13). Le potentiel scientifique des archives serait ainsi un nouvel éclairage en lien avec l’historique d’une pratique et le développement institutionnel. Épiais-Rhus participerait de ce fait à une trame signifiante de l’histoire de l’archéologie, de ses mutations profondes et de politique du patrimoine qui influent sur la production d’un savoir (Schnapp et al. 2007)[6].

Références bibliographiques

BONIS A. (1992) éd. sc. – Trente ans d’archéologie en Val-d’Oise. SDAVO, vol. 1, 99 p.-F. 1 à 195.

SCHNAPP A., SCHLANGER N., LÉVIN S., COYE N. (2007) – Archives de l’archéologie européenne (AREA). Pour une histoire de l’archéologie française. Les nouvelles de l’archéologie, n°110, p. 5-8.

SOULIER P. (1992a) – Introduction. In : Bonis 1992, vol. 1, p. 29-33.

SOULIER P. (1992b) – Service départemental d’archéologie du Val-d’Oise. In : Bonis 1992, vol. 1, p. 11-20.


[1] Plateforme ouverte du Patrimoine [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA95000010?mainSearch=%22%C3%A9piais-rhus%20SITE%22&idQuery=%224537b45-6d63-a0e5-714d-ef5dd7168e2b%22]

[2] Publication de la question écrite de la sénatrice du Val d’Oise Marie-Claire Beaudeau et réponse du ministère dans les Journaux officiels des Questions [https://www.senat.fr/questions/base/1989/qSEQ890604955.html]

[3] Dossier des édifices protégés au titre des Monuments historiques ; mise hors d’eau du bassin du « forum », caves gallo-romaines à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

[4] http://timeline.knightlab.com

[5] https://memoloi.hypotheses.org/

[6] Atelier réflexif « Statuts et usages des archives de l’archéologie » UMR 5608 Traces [https://traces.univ-tlse2.fr/accueil/navigation/la-recherche/atelier-reflexif-statut-et-usages-des-archives-de-l-archeologie/statut-et-usages-des-archives-de-l-archeologie-398598.kjsp] ; colloque « Quand l’archéologie construit ses archives », à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’ouverture du Musée d’Archéologie, novembre 2017.